Lutter contre le ver de la cerise

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Originaire d’Asie et apparu en France dans les années 2010, où il a commencé à causer des dégâts dans le sud-ouest, le ver de la cerise peut gâter une récolte. Les cerises, parasitées, deviennent impropres à la conservation et à la consommation. Comment prévenir les attaques du ver des cerises, le reconnaître et l’éliminer ?

Voici pas à pas comment lutter contre le ver de la cerise.

Zoom sur le ver de la cerise

Description du ver de la cerise

On appelle ver de la cerise la larve de deux minuscules mouches :

  • La Rhagoletis cerasi : elle mesure en moyenne 4 mm de long et possède un corps de couleur noire avec des taches jaunes sur la tête et sur le thorax. Ses ailes transparentes sont ornées de 4 bandes bleu-noir et sont caractéristiques de cet insecte.
  • La Drosophila suzukii (ou drosophile du cerisier) : elle est légèrement plus petite, 3 mm en moyenne (jusqu’à 5 mm environ pour les femelles), et elle a un thorax jaune orangé avec des yeux rouge vif. Ses ailes transparentes portent 2 taches noires. Le mâle est nettement plus petit que la femelle. Se multipliant beaucoup plus rapidement que la Rhagoletis cerasi et s’attaquant à de nombreux autres fruits, c’est cette mouche qui est le plus souvent responsable des dégâts provoqués par le ver de la cerise.

On peut apercevoir voler ces moucherons autour des cerisiers à partir de fin mai et jusqu’à début juillet pour Rhagoletis cerasi et jusqu’aux dernières cerises pour Drosophila suzukii. Durant les heures de plein soleil, on peut les observer posés sur les cerises et les feuilles où ils se nourrissent des sécrétions sucrées des arbres.

Leur ponte est d’autant plus importante que les températures sont élevées en juin et début juillet.

Leurs larves, blanc crème, sont de tout petits asticots, atteignant 5 mm de long en moyenne à la fin de leur croissance, avec des pièces buccales foncées.

Les pupes allongées en forme de fuseau sont de couleur brun-rougeâtre.

Cycle de développement

Les femelles de Rhagoletis cerasi pondent leurs œufs une dizaine de jours après le début de leurs premiers vols, lorsque le temps est suffisamment chaud. Chacune pond en moyenne une soixantaine d’œufs déposés individuellement sous l’épiderme des cerises rougissantes.

Chaque œuf donne une larve au bout d’une dizaine de jours.

Ces larves se nourrissent alors de la pulpe des cerises. Au bout d’un mois environ, lorsqu’elles ont fini leur croissance, elles se laissent tomber au sol où elles s’enterrent sous quelques centimètres de terre. Là, elles se transforment en pupe pour passer un ou plusieurs hivers (jusqu’à 3 maximum).

Les femelles de Drosophila suzukii pondent dans des fruits mûrs et sains (contrairement aux autres drosophiles). Le cycle de ce moucheron est semblable à celui de Rhagoletis cerasi, sauf qu’il est beaucoup plus court et que ses pupes peuvent se métamorphoser en nouveaux moucherons plusieurs fois par an avant qu’il ne se prépare à hiverner en automne, dès que les températures sont inférieures à 5 °C.

À 15 °C, leur cycle dure environ 3 semaines, alors qu’à 25 °C, il n’est plus que d’une dizaine de jours (ou moins), ce qui permet une dizaine de cycles par an sur les fruits d’autres espèces cultivées ou sauvages (fraises par exemple), lorsqu’il n’y a plus de cerises.

Les orages estivaux sont un autre facteur favorisant leur prolifération.

Note : on a pu observer leur présence jusqu’à 1 500 m d’altitude.

Dégâts

Pour les cerisiers, ce sont surtout les variétés tardives ou mi-tardives qui sont attaquées, à l’exception des griottes qui ne le sont que rarement.

À l’inverse, les variétés précoces, qui arrivent à maturité avant que ces moucherons ne commencent leur envol, en sont habituellement indemnes.

Les dégâts, variables d’une année à l’autre selon les températures lors de la période de ponte, peuvent être très importants par forte chaleur (jusqu’à 80 % de la récolte).

L’attaque des vers de la cerise entraîne le pourrissement rapide par divers champignons et bactéries, introduits lors des piqûres des femelles à travers la peau de nombreux fruits, qui deviennent impropres à la consommation et ne se conservent pas.

Bon à savoir : les dégâts provoqués par Drosophila suzukii sont de plus en plus importants chaque année sur les cultures des nombreux fruits qu’elle attaque, car sa propagation s’accélère. En 2016, à la suite de l’interdiction de traiter les cerisiers au dimethoate (jugé toxique), la production française de cerises a été particulièrement désastreuse.

Espèces végétales attaquées

Rhagoletis cerasi s’attaque principalement aux cerisiers.

D’abord observée dans les plantations de cerisiers, Drosophila suzukii s'attaque, quant à elle, à tous les fruits à pulpe tendre (qu’ils soient ou non à noyau) : cerises bien sûr, mais aussi fraises, framboises, raisins, prunes, pêches, abricots et diverses baies... et même tomates ou figues avant leur pleine maturité.

1. Diagnostiquez la présence du ver de la cerise

Au stade de moucherons, il est quasiment impossible de les reconnaître de loin étant donné leur petite taille :

  • Capturez les mouches sur un piège jaune englué.
  • Utilisez une loupe ou une binoculaire.

Note : pour Drosophila suzukii, c’est assez aléatoire car il existe de nombreuses autres drosophiles aux yeux rouges.

En revanche, une fois les fruits parasités et les larves visibles à l’intérieur de la pulpe, le diagnostic est évident !

Bon à savoir : s’il n’y a qu’un seul asticot par cerise, il s’agit d’une attaque par Rhagoletis cerasi. S’il y en a plusieurs, c’est Drosophila suzukii qui est en cause.

2. Prenez des précautions pour lutter contre les vers des cerises

Voici quelques mesures à prendre pour éviter les mouches et ainsi les vers des cerises :

  • Plantez de préférence des variétés précoces de cerisiers telles que des Napoléon, cœurs de pigeon ou reverchon...
  • Éliminez à proximité de vos cerisiers des espèces odorantes, même sauvages, qui attirent ces moucherons, comme des chèvrefeuilles ou encore des épine-vinettes.
  • Après la fructification, ne laissez pas de fruits en sur-maturité sur votre cerisier et détruisez-les ensuite soigneusement (par le feu, par exemple).
  • En hiver, nettoyez et binez soigneusement le sol sous toute la frondaison pour exhumer un maximum de pupes et réduire ainsi la population de moucherons au printemps.
  • Dès le début du mois d'avril, placez quelques pièges jaunes englués pour détecter les tout premiers éventuels moucherons du cerisier et pouvoir ainsi réagir au plus tôt.

3. Utilisez au besoin des traitements contre le ver de la cerise

Le potentiel très important de prolifération de Drosophila suzukii, ainsi que la multiplicité de ses espèces hôtes potentielles, rend très difficile de l’éradiquer totalement. Les traitements autorisés possibles actuellement ne permettent, le plus souvent, que de réduire l’importance des populations, et donc des dégâts provoqués.

La lutte mécanique, respectueuse de l'environnement

Son objectif est de supprimer un maximum de moucherons avant leur ponte en les piégeant.

Il existe différents types de pièges, que vous pouvez soit trouver dans le commerce, soit fabriquer vous-même :

  • Les pièges les plus simples sont des cartons jaunes (couleur semblable à celle des cerises qui commencent à mûrir et qui attire les moucherons), enduits de glu sur leurs deux faces, avec ou sans produit attractif pour les moucherons (pouvant être des phéromones spécifiques qui attirent les mâles) :
    • Procurez-vous ce genre de pièges dans les jardineries ou les rayons spécialisés de grandes surfaces, ou directement par Internet. Vous en trouvez à tous les prix et en lots variables (paquets de 2, de 10...).
    • Suspendez-les dans les branches tous les 1 m environ (une dizaine pour un cerisier de taille moyenne) dès que les premières cerises jaunissent (début mai le plus souvent). Ils sont efficaces jusqu’à 2 mois.
  • D’autres pièges sont constitués de récipients plastique avec un orifice en forme d’entonnoir qui piège les moucherons. Ils contiennent une solution attractive dans laquelle les moucherons se noient (comme pour les pièges à guêpes) :
    • Ils sont ainsi plus efficaces que les pièges précédents, car ils nécessitent l’adjonction de phéromones (hormones attirant les mâles), à raison d’un sachet par piège. Ces phéromones sont spécifiques aux moucherons des fruits (les plus attractives) ou attirent les mouches en général, selon le produit choisi.
    • Les phéromones sont actives durant 4 à 6 semaines : renouvelez-les éventuellement, sachant qu’un sachet peut se conserver 3 ans au réfrigérateur et même 5 ans au congélateur.

Note : vous pouvez confectionner vous-même ce type de pièges, avec des bouteilles vides d’eau minérale par exemple. Peignez-les en jaune ou rouge, et insérez à l’intérieur un produit à odeur attractive pour les moucherons. Cela peut être des sachets de phéromones, qui peuvent s’acheter seuls (recharges).

Autres traitements

Le seul traitement insecticide autorisé pour les arboriculteurs jusqu’en 2006, détruisant à la fois les larves et les œufs, était le diméthoate, qui vient d’être interdit à cause de sa toxicité.

Les recherches pour des traitements alternatifs, orientés vers une lutte biologique, n’ont pour l’instant débouché sur aucun résultat concret.

Ces pros peuvent vous aider

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