S’attaquant à de nombreuses espèces de fruits qu’elles rendent impropres à la vente comme à la consommation personnelle, les larves de la mouche méditerranéenne des fruits (Ceratitis capitata) apparaissent en été, surtout dans le Sud de la France. Comment reconnaître ce ravageur, tenter de prévenir son apparition et le combattre lorsqu’il sévit ?
Voici pas à pas comment lutter contre la mouche méditerranéenne des fruits.
Zoom sur la mouche méditerranéenne des fruits
Où trouve-t-on la mouche des fruits ?
La mouche méditerranéenne des fruits ou cératite (Ceratitis capitata) est, comme l’indique son nom, observée en Europe dans toutes les régions aux climats tempérés et chauds des bords de la Méditerranée. Ailleurs dans le monde, elle est présente de façon endémique dans la plupart des régions subtropicales.
En France, sa présence est le plus souvent due à l’importation de fruits parasités importés de régions plus chaudes telles que l'Italie du Sud, où elle est endémique et où les déchets sont jetés sans précautions. Elle ne survit qu’exceptionnellement aux températures hivernales de notre pays, même dans le Midi ou en milieu périurbain plus tempéré.
Description
La mouche méditerranéenne des fruits est une mouche très reconnaissable :
- Elle est assez colorée : corps jaune avec comme un bouclier noir sur le dessus du thorax, tête jaunâtre avec gros yeux bleus.
- Ses ailes transparentes sont ornées de 3 bandes jaunes épaisses dont 2 perpendiculaires et 1 en extrémité, parallèle à la longueur de l’aile.
Voici les caractéristiques de cette mouche :
- La femelle pond dans les fruits à travers leur peau, à ½ cm maximum de profondeur, grâce à un appendice effilé et pointu, jusqu’à 600 œufs environ, à raison d’une vingtaine par jour au cours de sa courte vie (environ 1 mois), par paquets de 3 à 7. Ces tout petits œufs allongés (environ 1 mm de long) sont blancs.
- Ils donnent de petits asticots (7 à 8 mm de long) jaunâtre-clair munis de crochets buccaux noirâtres. Plusieurs femelles pouvant pondre dans le même fruit, ce dernier peut être complètement envahi d’asticots.
- Les asticots se transforment en fin de développement en petites pupes ovoïdes rougeâtres. Celles-ci ne survivent pas à des températures inférieures à 2 °C qui se maintiennent au moins pendant 7 jours.
Cycle de vie
Le cycle de vie de la mouche des fruits est très dépendant des conditions climatiques (températures) environnantes :
- À la suite d’un premier vol entre mai et juillet, selon le climat de la région, les femelles pondent leurs œufs dans les variétés de fruits qui sont à maturité à cette époque (d’abord abricots, pêches, etc., pour finir avec les figues ou les agrumes s’il y en a, comme sur la Côte d’Azur ou en Corse).
- Les larves qui en sont issues au bout de quelques jours se développent entre 10 et 12 jours en été aux alentours de 25 °C (18 à 20 jours en automne), en se nourrissant de la pulpe des fruits.
- Puis, soit elles se transforment en pupes directement dans les fruits en décomposition, soit elles sortent du fruit pour se transformer à la surface du sol. De ces pupes naissent au bout de 10 à 20 jours en plein été de nouveaux adultes (et 18 à 20 jours en automne).
- À la fin de l’automne, les asticots s’enfoncent de quelques centimètres sous le sol pour se transformer en pupes. C’est sous cette forme qu’elles hibernent jusqu’à des températures plus favorables (supérieures à 13 °C) du printemps suivant, période où un nouveau cycle annuel commence.
Bon à savoir : même les fruits d’hiver provenant de régions méditerranéennes au climat chaud (Corse ou Italie du Sud, par exemple) peuvent être parasités sur place par quelques mouches qui y survivent !
Facteurs favorisants
La température environnante est déterminante pour la durée d’un cycle :
- À 32 °C, température optimale pour ces mouches, le cycle ne dure que 2 semaines, ce qui permet 6 à 7 générations annuelles qui débutent sur les abricots et les pêches.
- À 29 °C, ce cycle dure environ 20 jours.
Note : en France, on a par exemple 3 à 5 générations annuelles en Languedoc-Roussillon.
Espèces attaquées
De nombreuses variétés de fruits plus ou moins tendres peuvent subir les attaques de la cératite, principalement dans le Midi de la France et en Corse : pommes, poires, coings, pêches, abricots, prunes, kakis, figues, fraises...
Dégâts
C’est en été et en automne que les dégâts sont les plus importants :
- Les fruits présentent d’abord de petites taches marron aux points de piqûre.
- Puis ces taches s’agrandissent et leur surface se creuse en pourrissant en dessous.
- Enfin, sur l’arbre, les fruits tombent avant maturité.
En général, vos fruits peuvent commencer à être attaqués environ 3 semaines avant la maturité (et même 1 mois et demi pour les pêches).
Bon à savoir : tout fruit présentant au moment de la récolte même juste un point de piqûre contient plusieurs asticots et finira par pourrir. Il devient donc impropre à la consommation, sauf à accepter de manger en même temps quelques asticots !
1. Diagnostiquez la présence des mouches des fruits
Pour diagnostiquer la présence de mouches méditerranéennes des fruits :
- Capturez une mouche au moyen d’un piège.
- Observez le diptère avec une loupe : la mouche des fruits est bien reconnaissable, même par un jardinier amateur.
Note : c’est l’apparition des premières piqûres sur des fruits approchant de la maturité qui vous incitera à installer un piège sur votre fruitier en production !
2. Prévenez les attaques de la mouche des fruits
En cas de présence avérée ou suspectée de cératites dans les environs, commencez par installer quelques pièges dans vos fruitiers et observez-les quotidiennement en période sensible, de façon à pouvoir intervenir au plus tôt :
- Utilisez des plaques colorées en jaune, imprégnées de préférence de phéromones actives sur les mouches, et engluées.
- Vous pouvez également utiliser des récipients gobe-mouches, mais ils sont moins pratiques pour l’observation des mouches capturées.
Bon à savoir : dans les régions de vergers de production, des organismes de surveillance des diverses maladies ou ravageurs émettent des avertissements auprès des agriculteurs de votre région qui pourront vous renseigner.
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3. Luttez contre les attaques de la mouche des fruits
Bon à savoir : c’est lors de la maturation des fruits que les femelles sont le plus attirées par les fruits. Les variétés tardives sont donc souvent les plus attaquées.
Il n’existe pas de méthode de lutte spécifique contre cette mouche. Son éradication, ou tout au moins la forte diminution de sa population estivale, peut s’obtenir par trois sortes de méthodes de lutte.
Méthodes de lutte mécanique
Pour de petites surfaces contenant quelques arbres seulement, le piégeage massif est une solution efficace, facile à mettre en œuvre et relativement bon marché. C’est une bonne alternative à une lutte chimique. Vous pouvez utiliser pour cela tout type de piège à mouches, en en plaçant au moins un par arbre (et plusieurs pour un grand arbre).
Néanmoins, les pièges gobe-mouches contenant des phéromones et un insecticide sont les plus efficaces en cas d’attaque importante :
- Comme insecticide utilisé dans ces pièges, on emploie surtout de la deltaméthrine, autorisée dans ce contexte particulier en agriculture biologique.
- Les effets attractifs et insecticides de ces pièges durent jusqu’à 3 mois au maximum (ce qui est le plus souvent suffisant pour éradiquer un maximum de mouches et n’entraîner qu’une perte de fruits inférieure à 5 % pour une culture).
- Des expériences menées par l’INRA (devenu institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement - INRAE - le 1er janvier 2020) en Corse montrent une bonne sélectivité d’action sur les mouches (et sur 80 % de femelles pour 20 % de mâles).
- Les pluies ne diminuent pas leur efficacité.
- Seules de très fortes chaleurs peuvent les altérer.
Conseil : si quelques fruits seulement sont attaqués, ramassez tous ceux à terre et récoltez ceux encore sur l’arbre. Éliminez-les au plus tôt et soigneusement, car ils contiennent des larves vivantes susceptibles de redonner des mouches.
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Méthodes de lutte biologique
Des expériences de lutte biologique, d’une certaine efficacité, ont été menées en associant des lâchers de mâles stériles avec l’introduction d’un insecte prédateur (Opius concolor) des larves de cératite.
Ces méthodes de lutte ne sont pas actuellement à la portée d’un jardinier amateur, qui doit se contenter du ramassage soigneux (puis de l’élimination radicale) des fruits atteints (sur le sol et autant que possible sur l’arbre).
Méthodes de lutte chimique
Si vous tenez, malgré tous les inconvénients possibles, à recourir à un traitement chimique pour éliminer les cératites adultes, il existe des produits phytosanitaires homologués utilisés parfois par les arboriculteurs professionnels en complément de piégeages massifs.
Astuce : le nom et les conditions d’emploi de ce produit sont détaillés sur le site officiel « e-phy » du ministère de l'Agriculture (rubrique « usage » puis « mouche des fruits »).
Il s’agit principalement de produits à base de :
- lambda-cyhalothrine ;
- deltaméthrine (délai avant récolte de 14 jours) ;
- phosmet (sur pêcher ou nectarinier uniquement, délai avant récolte de 14 jours).
L’arbre attaqué massivement doit être pulvérisé dans son entier et il existe des diffuseurs automatiques (50 à 80 diffuseurs maximum par hectare).
Attention : il s’agit d’insecticides polyvalents non spécifiques des cératites et leur impact sur l’environnement, même en respectant scrupuleusement les consignes d’utilisation, n’est pas négligeable.
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