Cultivés dans la plupart des régions, les pommiers sont les principaux arbres fruitiers de nos jardins et vergers. Toutefois, avoir une récolte abondante de pommes savoureuses chaque année n'est jamais assurée : lorsque les pommiers ont été épargnés par les gelées, ce sont des attaques de nuisibles ou de champignons microscopiques qui viennent souvent contrarier leur production.
Voici comment reconnaître et traiter les maladies du pommier.
1. Reconnaissez et traitez les maladies fréquentes du pommier dues aux ravageurs
Selon la saison, les pommiers sont victimes de différents ravageurs, principalement des pucerons.
Les pucerons du pommier
Ils sont nombreux à se nourrir au détriment des pommiers, mais les pucerons verts, les pucerons verts migrants et les pucerons cendrés sont les variétés les plus fréquentes. Ces ravageurs, les premiers dans la saison, peuvent aussi sévir durant l’été.
Les pucerons s’attaquent aux feuilles les plus tendres, apparaissant d’abord aux extrémités des jeunes rameaux dont les feuilles s’enroulent, se déforment et parfois se décolorent sous l’effet de leurs piqûres. Lorsque l’attaque est étendue – et l'expansion peut être très rapide ! –, ils affaiblissent l’arbre et diminuent sa production.
Bon à savoir : les pucerons peuvent également provoquer l’apparition de maladies à virus.
- En prévention : après la chute complète des feuilles, pulvérisez sur toutes les branches et le tronc une huile blanche d’hiver.
- En traitement : dès le début des attaques, procédez à des pulvérisations répétées de savon noir liquide associées à des action d’éradication des fourmis (barrières de glu, par exemple) ; ce traitement respectueux de l’environnement devrait vous permettre d’en venir à bout.
Cas particulier des pucerons lanigères
Ces pucerons hivernent dans des anfractuosités de l’écorce et se manifestent en été sous forme d'amas cotonneux blancs. Des boursouflures chancreuses apparaissent ensuite sur les branches et au niveau du collet. Les conséquences à long terme sont identiques à celles provoquées par les autres variétés de pucerons.
En traitement : ces pucerons étant plus difficiles à éliminer, car protégés par les cires blanches qui donnent cet aspect cotonneux, pulvérisez un mélange de savon noir liquide, d’alcool à brûler et d’eau, en répétant l'opération autant de fois que nécessaire.
Important : tous les autres traitement insecticides (même des extraits de pyrèthre ou des infusions de tanaisie qui sont les moins néfastes), et surtout les systémiques, risquent d’avoir un effet néfaste pour l’environnement, notamment lors de la floraison.
Le carpocapse du pommier
On le nomme aussi « ver de la pomme » à cause de l’aspect des fruits attaqués, mais il s’agit en fait d’une chenille de papillon. Le carpocapse est un ravageur important des vergers du Midi, notamment parce que de nombreuses générations peuvent se succéder en une saison.
Sa présence peut s’observer tout l’été sur les fruits, jeunes ou prêts à être récoltés. Souvent, on ne voit qu'un point d’entrée du ver, assez discret, mais à la coupe, le fruit apparaît véreux jusqu’au cœur avec très peu de chair consommable. Il arrive qu'il chute avant maturité.
- En prévention :
- S'il y a eu attaque l’année précédente, installez dès le mois de mai des bandes de glu autour des troncs pour piéger les larves qui remontent du sol.
- Placez également des pièges à phéromones en hauteur dans vos pommiers pour repérer l’époque des vols et diminuer la population de papillons.
- Un traitement biologique à base de suspension de Bacillus thuringiensis, en alternance ou non avec une solution de virus de la granulose, peut être actif contre les larves avant qu’elles ne s’abritent au cœur des fruits.
- En traitement : sur des pommiers de petite taille, ramassez au sol et supprimez sur l’arbre, le plus rapidement possible, les fruits qui apparaissent piqués ; puis détruisez-les soigneusement ou enfermez-les dans un récipient étanche pour limiter l’expansion de la population de ravageurs.
Bon à savoir : sur des arbres taillés en formes limitées, il est possible, toujours dans le but d’éliminer les futurs papillons, d'ensacher les fruits, voire l’arbre entier.
2. Identifiez et traitez les maladies du pommier dues à des ravageurs plus occasionnels
Bien que moins fréquents, d'autres insectes font des dégâts aux pommiers, hypothéquant la récolte de pommes.
Les acariens rouges
Ils sont habituellement contenus par leurs prédateurs naturels lorsque ceux-ci ne sont pas éliminés par l’usage intempestif d’insecticides non sélectifs. Toutefois, il arrive que des acariens s’attaquent aux feuilles et aux fruits en été et jusqu’à l’automne par temps sec et chaud.
On observe alors une décoloration des feuilles, lesquelles deviennent jaune pâle puis grisâtres, avant de tomber. Il s'ensuit un affaiblissement de l'arbre et, par voie de conséquence, un moindre développement des pommes.
En traitement :
- Pour des pommiers de petite taille ou de taille moyenne, une aspersion répétée du feuillage à l’eau froide, le soir ou le matin tôt, peut suffire à dissuader ou à chasser les acariens.
- Si ce n’est pas suffisant et si vous refusez que votre production de pommes soit moindre, procédez, le soir ou le matin tôt, à quelques pulvérisations d'une solution de pyrèthre qui se dégrade rapidement au soleil.
L'anthonome du pommier
C’est lors d’un printemps particulièrement humide qu'Anthonomus pomorum peut apparaître. La larve de ce charançon entraîne des dégâts importants sur les boutons floraux : les fleurs dont elle se nourrit brunissent et se dessèchent pour ressembler à des clous de girofle. C'est le signe caractéristique d'une attaque d'anthonome du pommier.
- En prévention :
- Favorisez la présence des oiseaux dans votre jardin ou au verger, car ce sont les prédateurs naturels de ces petits coléoptères.
- Des pulvérisations de soufre mouillable ont un effet répulsif.
- Enfin, en cas d’attaque massive et si vous ne vous résolvez pas à perdre votre récolte de l’année, vous pouvez, en moindre mal, pratiquer quelques pulvérisations consécutives en fin de journée ou tôt le matin d’une solution de pyrèthre lors de l’éclatement des bourgeons, avant l’ouverture des fleurs.
- En traitement : il n’y a pas d'insecticide autorisé en agriculture biologique pour traiter une attaque d'anthonome du pommier.
L'hoplocampe du pommier
L'hoplocampe du pommier (HopIocampo testudinea) est un hyménoptère qui peut pulluler dès le printemps si sa population n’est pas régulée par ses prédateurs naturels. La larve peut alors causer des dégâts importants à la récolte de pommes.
Elle commence par creuser une galerie autour de la pomme, qui prend un aspect liégeux. Avec le temps, cette larve creuse un trou arrondi plus important à l’intérieur du fruit, qui se remplit de ses excréments. La pomme parasitée cesse de se développer et chute.
Bon à savoir : la larve, visible à l’intérieur du fruit, développe une odeur caractéristique de punaise.
En traitement :
- En cas de présence avérée d’hoplocampes dans les environs, installez dans vos pommiers des pièges pour les adultes, lors du débourrement, une semaine environ avant la floraison. Ils doivent être d’un blanc lumineux et enduits de glu.
- Si malgré ce piégeage, vous ne parvenez pas à réduire la population des insectes adultes – et donc leur ponte –, pulvérisez sur vos pommiers, à la fin de la floraison, une solution de pyrèthre en fin de journée ou le matin tôt.
Important : un pommier bien entretenu est plus résistant aux diverses attaques et maladies.
3. Reconnaissez et traitez les maladies cryptogamiques du pommier les plus courantes
C'est souvent l'humidité qui favorise l'apparition des champignons responsables des maladies cryptogamiques du pommier. Celles-ci prennent différentes formes, avec des conséquences plus ou moins importantes sur la récolte.
La tavelure du pommier
Bien que son apparition ne soit pas systématique chaque année, sauf dans des régions aux hivers particulièrement humides, c’est la maladie qui peut occasionner le plus de dégâts.
- Des taches grises à brunâtres apparaissent d’abord sur la face inférieure des feuilles, qui se fendent, se dessèchent et jaunissent avant de tomber. Les rameaux peuvent présenter de nombreuses petites plaies sur l'écorce et leur extrémité sécher.
- En cas d’attaque précoce, les fruits tombent en grand nombre alors qu’ils sont encore minuscules.
- Si l’attaque est plus tardive, les pommes adultes sont marquées de taches liégeuses grisâtres et crevassées, caractéristiques de la maladie.
Remarque : une pomme un peu véreuse ou tachée conserve ses qualités gustatives et peut être savourée après avoir été triée.
- En prévention : des méthodes culturales adaptées telles que la sélection de variétés de pommiers peu sensibles à la tavelure, des apports limités en engrais azoté, des tailles régulières pour maintenir un feuillage aéré ainsi qu'un badigeonnage à la chaux des branches et du tronc en hiver sont de bons moyens pour diminuer le développement de ce champignon.
- En traitement :
- Éliminez régulièrement les feuilles et les fruits atteints pour limiter l'expansion de la maladie.
- Avant et après la floraison, procédez à des pulvérisations de solutions cupriques, qui diminueront fortement l’impact de la maladie.
Remarque : un fongicide, le mancozèbe, est utilisé en traitement curatif par les arboriculteurs professionnels.
L'oïdium du pommier
Au contraire de la tavelure, l’oïdium du pommier (Podosphaera leucotricha) est favorisé par des températures chaudes avec un air sec. Les stress hydriques sont aussi des facteurs déclenchants.
Les bourgeons commencent par pousser de façon déformée avant de se couvrir d’un feutrage blanc, ensuite les fleurs se dessèchent et les feuilles se couvrent d’un léger duvet blanc farineux. Elles finissent par se froissent et par prendre une apparence grillée. Si l’attaque n’est pas stoppée les fruits sont, eux aussi, atteints.
- En prévention :
- Il existe des variétés plus résistantes, sélectionnez-les pour vos plantations.
- Prévoyez une irrigation maîtrisée lors d’épisodes de sécheresse et de chaleurs inhabituelles.
- En traitement : dès le début de la maladie, faites des pulvérisations de soufre mouillable quand les pétales ont fini de tomber, puis régulièrement jusqu’à la récolte si l'oïdium ne disparaît pas complètement.
Important : les autres traitements fongicides à base de flusilazole, myclobutanil, utilisés par les arboriculteurs, sont à éviter pour leurs effets potentiellement néfastes sur l’environnement et la santé.
La moniliose du pommier
Cette maladie fongique n’est pas rare et peut s’attaquer aux pommiers comme aux fruits récoltés. Elle est due à des champignons microscopiques (Monilia fructigena et Monilia laxa) et est favorisée par une saison particulièrement pluvieuse ou un microclimat humide.
La moniliose se caractérise par un dessèchement complet des bouquets floraux, qui s’agglomèrent et prennent une coloration brune. C’est le symptôme principal. Les quelques fruits qui se développent vont se couvrir d’une pourriture brune avec, en surface, des cercles concentriques de coussinets blanchâtres, avant de se momifier sur l’arbre.
Bon à savoir : dans les cas les plus graves, les rameaux dépérissent aux extrémités ; parfois même, ce sont des branches entières qui meurent.
- En prévention : quelques méthodes culturales simples telles que le maintien d’une ramure aérée grâce à des tailles régulières, le choix de variétés à floraison tardive ou un éclaircissage avec dédoublement des fruits en contact peuvent prévenir l'apparition de la maladie.
- En traitement :
- Aux premiers signes de moniliose, supprimez et brûlez les rameaux et fruits atteints.
- Effectuez des pulvérisations de solution cupriques (bouillie bordelaise ou autre) à la chute des feuilles, puis lors du débourrement (mais avant l’ouverture des fleurs) et après la nouaison.
- Veillez à ne récolter vos pommes que par temps sec.
Remarque : d’autres traitements fongicides disponibles dans le commerce tels que le myclobutanil sont à éviter par le jardinier amateur à cause des effets potentiellement néfastes pour l’environnement et la santé.