La truffe peut se cultiver dans une grande partie de la France, sauf dans les régions à climat océanique, méditerranéen ou franchement continental, avec des hivers trop rudes.
Si vous disposez d’un terrain calcaire ayant les caractéristiques favorables, vous pouvez peut-être cultiver des truffes dans votre jardin grâce aux plants mycorhizés ! Analyse préalable du sol, choix judicieux de l’espèce de truffe et de l’arbre-hôte, soins à la plantation et longue patience sont les conditions sine qua non de la réussite, qu’on ne pourra malheureusement jamais garantir absolument.
Cette fiche pratique vous révèle tous les secrets pour choisir et planter un arbre truffier mycorhizé et pour espérer récolter vos premières truffes dans 6 à 8 ans.
Zoom sur les arbres truffiers mycorhizés
Les truffes ne sont autres que les fructifications annuelles du mycélium d’un champignon. Il s’agit d’un champignon mycorhizien, ce qui signifie qu’il ne peut accomplir son cycle de vie qu’en vivant en symbiose avec les racines d’un arbre-hôte. Les organes symbiotiques formés par l’association du mycélium du champignon et des radicelles de l’arbre s’appellent des mycorhizes.
Désormais, on peut trouver chez certains pépiniéristes de jeunes arbres truffiers mycorhizés, auxquels on a en quelque sorte inoculé la capacité à produire des truffes, à condition qu’il soient plantés dans un sol aux caractéristiques bien précises.
1. Vérifiez si votre sol est suffisamment calcaire
Dans tous les cas vous devez disposer d’un sol :
- aéré et drainant ;
- avec une couche de terre arable d’au minimum 20 cm ;
- et une activité biologique importante (lombrics, fourmis, araignées…).
Si c’est le cas, effectuez un premier test simple pour voir si votre sol est suffisamment calcaire pour envisager la culture des truffes : versez du vinaigre sur une portion de sol dépourvue de cailloux et de résidus de matière organique fraîche (feuilles, brindilles…) :
- Si rien ne se produit, votre terrain n’est probablement pas suffisamment calcaire.
- Si une légère effervescence se produit, c’est bon signe. Il est alors nécessaire de procéder en laboratoire à une analyse plus approfondie de votre sol : cette analyse coûte une centaine d’euros.
2. Évaluez plus précisément les qualités truffières de votre sol
Résultats d’analyse en main, vérifiez certains paramètres afin de déterminer si vous pouvez cultiver des truffes et vous orienter plutôt vers la truffe noire du Périgord (Tuber melanosporum) ou plutôt vers la truffe de Bourgogne (Tuber uncinatum).
3. Choisissez votre arbre-hôte
Les chênes (Quercus pubescens, Quercus ilex ou Quercus pedunculata) ne sont pas les seuls arbres truffiers. Vous trouverez également des plants mycorhizés de noisetier (Corylus avellana), pin noir d'Autriche (Pinus nigra), tilleul (Tilla platyphyllos) et charme (Carpinus betulus).
- Laissez-vous guider par les conditions locales et choisissez si possible une espèce naturellement présente dans votre environnement.
- Portez votre choix sur des plants en motte ou en conteneur, de 2 ans d'âge.
- Adressez-vous à un pépiniériste spécialisé, qui vous fournira des plants dont la qualité de mycorhization est certifiée par des organismes agrées : CTIFL, INRA (devenu institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement - INRAE - le 1er janvier 2020).
Note : il est possible de planter un seul arbre truffier, toutefois vous obtiendrez de meilleurs résultats en installant plusieurs arbres, pour créer une ambiance mycélienne plus favorable.
4. Plantez un arbre truffier mycorhizé
En règle générale, un arbre truffier se plante plutôt en automne.
Exception : plantez le chêne vert (Quercus ilex) de préférence à la fin de l'hiver ou début du printemps.
- À la bêche, de préférence 10 à 15 jours avant la plantation (pour permettre à la terre de s'aérer), creusez un trou de plantation d’un volume environ 2 à 3 fois supérieur au volume de la motte ou du conteneur de l'arbre à planter.
- Retirez les cailloux afin d’obtenir un sol meuble et affiné.
- Procédez ensuite à la plantation de l’arbre de la manière usuelle.
Attention : n’apportez ni terreau ni fertilisant. S'il vous manque de la terre pour reboucher le trou, prenez-en un peu plus loin dans votre jardin.
- N’oubliez pas d’arroser très copieusement après la plantation, même par temps de pluie.
- Si vous le souhaitez, mettez en place un paillis pour réduire le désherbage et l’arrosage.
Attention : vous devrez retirer ce paillis au plus tard dans les 3 à 4 ans après la plantation !
5. Assurez une bonne installation de l’arbre
Pendant les 2 premières années suivant la plantation, prodiguez à l’arbre des soins réguliers qui lui permettront de bien s’installer et de produire un maximum de radicelles :
- Désherbez manuellement l’environnement immédiat du plant.
- Aérez-le par sarclage léger autour des plants au début du printemps.
- Arrosez-le tous les 15 jours en période de sécheresse.
- À partir de la deuxième année, taillez-le au mois de mars de façon à dégager le tronc sur 50 à 70 cm (pour permettre un bon ensoleillement) et à donner sa forme à l’arbre.
- Supprimez régulièrement les rejets.