Souvent considéré comme un ravageur secondaire, l’hoplocampe du pommier se rencontre désormais dans certaines régions de production, notamment cidricoles. Une attaque des larves de ce parasite peut entraîner des pertes de récolte de pommes importantes. Au fil des années, sa présence a tendance à augmenter si aucune lutte n’est instaurée contre lui.
Voici comment reconnaître une attaque dans votre verger et lutter contre l'hoplocampe du pommier.
Zoom sur l’hoplocampe du pommier
L’hoplocampe du pommier (Hoplocampa testudinea) est un petit hyménoptère 6 à 7 mm de long, ressemblant à une petite mouche, d'un noir brillant sur le dos et jaunâtre sur la face ventrale. À la différence des vraies mouches, il possède 4 ailes transparentes à nervures brunes, qu’il replie horizontalement sur son dos au repos. Sa reproduction est surtout asexuée, les œufs non fécondés ne donnant que des femelles.
Bon à savoir : une femelle pond environ 30 œufs ; translucides, ils ne sont visibles qu’à la loupe.
La larve de l'hoplocampe, blanchâtre avec une tête foncée, possède 7 paires de fausses pattes abdominales qui lui confèrent un aspect trompeur de chenille. Elle mesure de 12 à 14 mm et diffuse une odeur de punaise.
Cycle biologique de l’hoplocampe du pommier
Dans l'Hexagone, les premiers adultes apparaissent entre avril et mai dans les régions situées au-dessus de la Loire. Les femelles pondent alors dans le calice des fleurs épanouies, à la base des étamines.
Les œufs éclosent 8 à 15 jours après, selon la température environnante :
- Les larves qui en sont issues creusent des galeries pour se diriger vers le centre du fruit dont elles se nourrissent.
- Elles attaquent ensuite de la même façon plusieurs autres pommes (jusqu’à 4 ou 5).
- Au bout de 25 à 28 jours, leur croissance terminée, elles sortent du dernier fruit attaqué par un large orifice bien délimité pour se laisser tomber au sol.
- Elles s’y enterrent à 5 à 10 cm de profondeur pour y tisser un cocon soyeux dans lequel elles demeurent en diapause (vie au ralenti) 9 mois ou 21 mois.
Au printemps, vers le mois de mars (ou en mars de l’année suivante), les larves se nymphosent pour se transformer, en 18 jours environ, en nouveaux adultes. Un cycle annuel ou biannuel peut alors recommencer.
Espèces attaquées par l’hoplocampe du pommier
L’hoplocampe du pommier (Hoplocampa testudinea) s’attaque à toutes les variétés de pommiers. Cependant, les arbres qui ont le plus de fleurs épanouies à la période de ponte et dont les fleurs sont les plus blanches risquent d'être les plus touchés par ce ravageur.
Bon à savoir : des espèces d’hoplocampe très semblables sont attirées par d’autres fruitiers de la famille des Rosacées, telles Hoplocampa minuta pour les pruniers et, surtout, Hoplocampa brevis pour les poiriers.
1. Adoptez des mesures prophylactiques contre l’hoplocampe du pommier
Si la présence d’hoplocampes est avérée dans des vergers environnants, prenez des mesures dès que vos pommiers commencent à se couvrir de boutons roses, en posant des pièges blancs à glu (achetés dans le commerce ou fabriqués par vos soins). Cela vous alertera en cas d’attaque et vous informera sur l'ampleur de celle-ci.
Conseil : placez ces pièges à environ 2 m de hauteur, à l’extérieur de la frondaison, et exposés au sud.
Le maintien en bonne santé de vos pommiers passe également par de bonnes conditions de culture, ce qui les rendra moins attractifs pour ces ravageurs :
- En cas d’infestation précédente, travaillez soigneusement le sol à l’automne au pied de vos pommiers de façon à exhumer les cocons qui pourraient y être enfouis et les exposer ainsi à divers prédateurs et aux gelées.
- Si vous souhaitez planter de nouveaux pommiers, choisissez de préférence une variété peu affectée par l'hoplocampe : Starking Delicious, Bancroft ou encore Boiken…
2. Diagnostiquez une attaque d’hoplocampe du pommier
Dès le début de leur croissance, les larves d’hoplocampe se nourrissent au détriment de certaines pommes dans lesquelles elles creusent des galeries peu profondes. Vous pouvez soupçonner la présence d’hoplocampe à l’aspect des fruits combiné à la précocité de l'attaque dans la saison.
- Ces pommes montrent des rubans cicatriciels d’aspect liégeux lorsqu’ils arrivent à maturité, ainsi qu'une déformation.
- Les galeries ultérieures dirigées vers le cœur d’autres fruits, ainsi que leurs orifices de sortie, gâtent l’aspect des fruits. À leur périphérie, on note des sciures excrémentielles.
À noter : si avec un couteau vous ouvrez en deux l'une de ces pommes, vous verrez que son cœur est rempli de cette sciure excrémentielle, avec une odeur de punaise.
- Les derniers fruits chutent en grand nombre, généralement en juin, bien avant d'avoir atteint leur maturité.
À noter : en cas d’infestation massive (généralement, pluriannuelle), c'est toute votre récolte qui peut être perdue.
Afin de confirmer une attaque, vous pouvez :
- placer un piège à mouches blanc enduit de glu pour attraper un hoplocampe adulte et pouvoir l’observer ensuite ;
- également observer à la loupe une larve extraite d’une pomme et vérifier qu’elle n’a que 7 paires de pattes abdominales.
Important : ne confondez pas une attaque d’hoplocampe et de carpocapse, car la larve de ce dernier étant une vraie chenille son éradication nécessite des traitements différents ; les fruits attaqués par ce papillon présentent des galeries en spirales dont les orifices sont peu visibles et entourés de taches nécrosées ; de plus, les attaques sont plus tardives dans l’été.
3. Luttez contre l’hoplocampe du pommier
Il existe plusieurs moyens de lutter contre l'hoplocampe du pommier, certains plus respectueux de l'environnement que d'autres.
Les méthodes naturelles
Pour réduire, voire éradiquer, la population d'hoplocampes dans vos pommiers :
- Vers avril-mai, ramassez les fruits tombés au sol au fur et à mesure, de façon que les larves n’aient pas le temps d’en sortir. Mettez-les ensuite dans des sacs étanches et conservez-les ainsi pendant au moins 2 semaines (pour tuer les larves) avant de les composter ou de les enfouir.
- Dès le début de l'attaque, installez en parallèle un piégeage massif pour diminuer au maximum la population d’adultes volants.
Bon à savoir : il existe des pièges englués tout prêts, commercialisés par exemple sous le nom de « seaux blancs Rebell® ».
- En automne, travaillez le sol jusqu’à 10 à 15 cm de profondeur pour exhumer les quelques cocons de larve qui auraient pu passer à travers votre ramassage.
- Enfin, quelques hyménoptères parasites naturels des hoplocampes vous aideront à contrôler ces populations de parasites.
La lutte biologique
Il est possible également de venir presque totalement à bout de la population d’adultes émergeant au printemps en répandant sur le sol, juste avant les descentes larvaires, une suspension de minuscules nématodes. Une autre application faite ultérieurement réduira encore le nombre de pupes (cocons).
Bon à savoir : les vers microscopiques pathogènes des larves d'hoplocampe sont Steinernema carpocapse et Heteorhabditis bacteriophora.
Les autres traitements
Des traitement phytosanitaires chimiques efficaces sont mis en œuvre par les arboriculteurs professionnels pour lutter contre l’hoplocampe du pommier. Mais leur emploi obéit à des conditions strictes et leurs effets sont potentiellement néfastes pour l’environnement.